La solitude est une source incommensurable de fatigue. Tous ceux qui l’éprouvent décrivent le même sentiment de vide et le poids du silence que l’on cherche à remplir à tout prix. Célibataire, le danger est parfois de plonger dans une quête effrénée de l’autre. À deux, après quelques années où l’enthousiasme initial s’étiole, la fatigue se nourrit par exemple du sentiment d’impuissance à redonner vie au couple, de re-rencontrer l’autre absent, pourtant là. La fatigue touche aussi ceux qui vivent dans un monde virtualisé engagé dans une course : aux rendez-vous d’un soir, aux amis sans visage, aux likes qui ne font que souligner leur ressenti.
Au travers de ce chapitre consacré à la relation entre fatigue et ce sentiment d’isolement, j’ai voulu ouvrir certaines pistes de réflexion, que l’on soit seul ou à deux, pour apprendre à aller vers sa propre solitude. Se rencontrer peut nous aider à revenir différemment vers l’autre sans chercher à l’épuiser par notre peur d’un « nous-même » que l’on évite. J’ai voulu aussi porter un autre regard sur la virtualité, qui fournit des solutions et pallie à la solitude, mais, quand elle est utilisée de façon excessive, finit à nouveau par l’amplifier.
Extrait du chapitre au cœur de la solitude :
” Le proverbe « mieux vaut être seul que mal accompagné » est souvent répété par les célibataires pour se réconforter. Mais cela signifie qu’il faut accepter d’être seul. Vraiment seul. Ainsi, à toutes celles et ceux qui me racontent leur angoisse et leur souffrance du célibat, je demande leur emploi du temps. Ensemble, nous remontons les jours de la semaine. Cela se passe ainsi, à peu de chose près : « Lundi, tu es allé au cinéma, et mardi, tu as bu un verre avec un ami, puis tu as regardé la saison 6 de… Mercredi, tu as fait du sport et tu as regardé l’épisode 8 ; jeudi, tu avais un dîner, vendredi, de nouveau sport avec l’épisode 12 ; samedi, tu as reçu des copains chez toi, et dimanche, soirée-télé.
Donc, la seule fois où vous avez été seul(e), c’était dimanche… soir, mais toujours avec vos écrans ! » Je comprends évidemment ce que ces célibataires veulent dire quand ils se plaignent de la solitude et de l’épuisement qui en découle. Mais n’y a-t-il pas là un paradoxe à explorer ? Comment peut-on être disponible pour rencontrer l’autre, le laissez-nous découvrir, si on craint de se découvrir soi-même ? ”
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