Notre société a fait du bien-être une obligation (faire du sport, faire du yoga, faire de la méditation, faire des sorties, faire, faire, faire…) autant qu’une injonction de consommation (choisir des produits, des activités, choisir sans cesse). Et si on allait vers…. Ne faire rien — actif — et non pas rien faire — passif — ? Et si le vrai choix était aussi de ne pas choisir pour éviter d’initier une fatigue de plus ?
Au travers de ce chapitre consacré à la relation entre fatigue et recherche de bien-être à toute force, j’ai voulu souligner à quel point notre société ne nous encourage pas à nous reposer, à commencer par les plus fragiles d’entre nous qui sont victimes de cette pensée bien installée.
Il m’a semblé important d’insister sur le fait que tant que l’on continuera à mépriser le repos, que l’on envisagera la fatigue à titre individuel comme un ennemi à abattre, il est fort à parier que nous aurons du mal à nous considérer collectivement comme une espèce au cœur d’un monde si fragile. Les conséquences directes étant que, n’ayant aucune attention pour notre propre fatigue, il nous est difficile d’en avoir pour celles des autres.
De ce fait, nous épuisons les ressources de chacun, ainsi que celles de la planète. Considérer notre fatigue pourrait non seulement nous permettre de changer notre quotidien, celui de nos proches, mais aussi de tout notre entourage. Et au-delà, de donner un nouveau souffle à un monde qui n’a plus le temps de se renouveler et s’érode un peu plus chaque jour sous la pression que nous exerçons sur lui.
Extrait du chapitre au cœur du bien-être :
» Entrer dans une forme de détachement est loin d’être aisé dans un monde où la société de consommation ne lâche jamais la pression pour nous convaincre que nous serions mieux si nous étions plus ceci et moins cela. Une question se pose alors : avons-nous besoin d’être « nous, en mieux » pour aller bien ? Il me semble que c’est le raisonnement inverse qu’il faut mener : sommes-nous si malheureux et pitoyables tels que nous sommes ?
Dans la grande majorité des cas, nous allons bien, et même très bien. Notre espérance de vie a été pratiquement multipliée par trois en deux cent cinquante ans. Pendant des centaines de milliers d’années et jusqu’au XVIIIe siècle, l’espérance de vie ne dépassait pas 27 ans en France, et tournait autour de la trentaine en Angleterre et en Amérique. Aujourd’hui, elle se situe, dans le monde, autour de 70 ans et, en Occident, autour de 80 ans, soit environ trente mille jours, ce qui en soit ne paraît pas énorme à une époque où on jongle aisément avec des chiffres à plus de six zéros.
Plutôt que de profiter de ce temps qui nous est offert, avec considération et tranquillité, nous nous épuisons chaque jour, pris dans une constante accélération d’une vie quotidienne hypersollicitée, et qui à force devient intenable. Peut-être serait-il bénéfique, pour ralentir cette frénésie, de faire un pas en arrière, de cultiver une forme d’absence au monde et à son agitation, pour retrouver une véritable présence, aux choses, à soi et aux autres. »
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